Table d’hôtes

Dans les restaurants multi-étoilés, les salles sont toujours imaginées avec soin. Ambiance feutrée, sons adoucis, tables espacées, vaisselle raffinée… Tout est au service de l’expérience qui se doit d’être inoubliable. L’hôtel Plaza Athénée ne déroge pas à la règle lorsqu’il imagine la salle destinée à accueillir les œuvres de son ultime chef étoilé cathodique. Tous les codes ont répondu à l’appel, dorures incluses, sauf un. Car au beau milieu de la prestigieuse salle trône une imposante table d’hôtes. Sans doute la première table d’hôtes d’un restaurant étoilé. En marbre Breccia, de douze mètres de longueur et rythmée par de gigantesques vases de la même pierre, garnis d’hortensias. Imposante et royale. Une table d’hôtes porte autant l’intention de celui qui reçoit qu’elle s’adresse à ceux qu’elle reçoit. Sur ladite table, on peut manger à deux ou à quatre, face à face et à bonne distance de ses voisins. Il n’empêche, tout le monde est assis autour de la même table et communie au même instant. Vivre une même expérience, relié aux autres sans ressentir leur présence, et partager un même moment sans pour autant consommer la même chose : la meilleure façon d’éprouver un sentiment d’appartenance communautaire.
Dans les restaurants d’entreprise aussi, faire table commune ne devrait-il pas davantage signifier éprouver un sentiment d’appartenance que subir la promiscuité ?