Sous les pavés, la nature

Il fut un temps poétique où certains imaginaient trouver une plage sous les pavés. Une trentaine d’années après les événements de mai 68, l’utopie se réalisait puisque des plages faisaient leur apparition en villes. Certes, le long des fleuves pour parfaire l’imaginaire, mais elles étaient bien là avec leurs chaises longues, leurs espaces de jeux pour enfants et leurs buvettes. N’est-ce pas la finalité de toute utopie de devenir réalité ? Il faut dire qu’entre temps, les pavés avaient laissé place au bitume et plus personne ne se souciait de ce qu’il recouvrait. Et pourtant. Quel sol, argileux, calcaire ou forestier, trouverions-nous en soulevant ce bitume que nos pieds martèlent ? Certains parlent aujourd’hui de « débitumer » la ville pour y faire baisser la température et la pollution, de réactiver les sols pour nous reconnecter à la nature et de faire pousser, ici ou là, des mini-forêts dans notre quotidien urbain afin de nous proposer des interstices d’évasion. On respire mieux si le sol respire mieux. Après un XXe siècle passé à étouffer le sol, le XXIe a pour mission de lui redonner vie. Au-delà d’une question de biodiversité, c’est d’un projet de société qu’il s’agit car libérer ce qui se passe au-dessous n’est jamais sans effets sur ce qui se passe au-dessus.