Micro travail

Aujourd’hui, avec les technologies, tout espace public devient un potentiel lieu de travail. Pas pour y exécuter un « vrai » travail comme on peut en faire chez soi ou au bureau, avec des dossiers à remplir, des avis à recueillir et des réunions à tenir, mais des « micro travaux » exécutés comme ça, à des moments, qui ne devraient pas leur être consacrées, à l’improviste et toujours rapidement, avec l’idée (souvent illusoire) de gagner du temps. C’est l’un des effets de la connexion permanente que connaissent bien tous les salariés. Consulter et répondre à ses mails professionnels dans le métro, glaner une info qui pourrait être utile pour la réunion de lundi prochain dans une salle d’attente, répondre à un client depuis sa voiture, envoyer des textos, dans le parc pendant que les enfants jouent… Plus nous sommes joignables à tous moments, plus nous avons la tentation de microtravailler. Certains y voient une source potentielle de nouveaux services (des cabines pour s’isoler, des points de connexion ou de recharge un peu partout). D’autres, une nouvelle forme d’aliénation. Car celui qui « microtravaille » n’a non seulement pas le sentiment de travailler mais tire de ces moments une sorte de valorisation de lui-même, faite d’agilité, de capacité de concentration et d’importance induite par sa fonction. D’ailleurs qui se plaint de la diffusion de ces micro-tâches et de cette fusion grandissante de la vie professionnelle et personnelle ?