L’homme debout

Depuis la crise sanitaire et la généralisation du travail à domicile, chacun s’interroge sur les conditions de travail. Prendre de la distance conduit toujours à une relecture de la situation initiale. Cela a commencé par une évaluation des assises. Quel fauteuil choisir ? Peut-on travailler sur son lit ? Sur un tabouret ? Les Français découvraient qu’ils ne possédaient ni l’espace pour travailler chez eux, ni l’équipement de base constitué par un bureau, un fauteuil et une lampe. Résultat : toutes les enseignes dédiées à l’équipement de la maison ont, depuis, étoffé leur offre destinée à ceux qui télétravaillent, confirmant en cela la porosité croissante entre le monde domestique et celui du travail, que ce soit par les parti pris esthétiques (ne pas « faire trop bureau ») ou par le choix de la pièce qui sera dédiée à l’activité professionnelle : salon, chambre, entrée et même, pourquoi pas, cuisine. De façon inattendue, l’émergence du télétravail a aussi eu un effet sur la posture du corps comme si cette question avait attendu le télétravail pour se révéler. Beaucoup se sont ainsi demandé s’il n’était pas préférable de travailler debout pour éviter des problèmes de santé consécutifs à un mode de vie trop sédentaire. Selon une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Sydney, rester debout plus longtemps qu’assis n’améliorerait pas la santé cardiovasculaire et pourrait même augmenter le risque de problèmes circulatoires. L’important serait plutôt de veiller à préserver une activité physique régulière en entrecoupant sa journée de travail de petites pauses actives : se lever pour s’étirer, marcher en discutant avec un collègue, utiliser les escaliers plutôt que l’ascenseur, se déplacer en vélo, descendre un arrêt de bus ou de métro plus tôt pour marcher un peu… C’est l’effet cumulatif de toutes ces minutes d’activité qui conduirait à réduire ou prévenir des événements cardiovasculaires, et non de travailler debout plutôt qu’assis. Voilà qui devrait nous inciter à remettre en cause nos routines quotidiennes. Au bureau comme à la maison.