La poésie du déchet

Dans les ateliers de design, les déchets deviennent des points de départ. L’upcycling s’impose désormais comme un terrain d’expérimentation fertile. L’objectif est de récupérer des matériaux oubliés pour en faire naître des objets de qualité supérieure. Quand on upcycle, on “upgrade”. Chez Dizy, on fabrique des plateaux de table de restaurant à partir d’anciens volants de badminton. Design et durable, chaque pièce est fabriquée en France et en Europe, à partir de bois certifié FSC et PEFC. Le tout affiche un impact carbone réduit de près de 40 %. Et pour chaque produit acheté, un arbre est planté. L’objet devient alors trace concrète d’un cycle vertueux, où création et régénération vont de pair. Ostrea, à Brest, broie et compacte les coquilles de Saint-Jacques pêchées sur les côtes bretonnes pour créer un matériau minéral et local, entre pierre et nacre. Samji, de son côté, conçoit un mobilier éco-responsable dans ses ateliers de Pantin, à partir de matériaux recyclés, recyclables et locaux. Chaque pièce est pensée pour durer, s’entretenir, se réparer. Une démarche qui s’oppose frontalement à la logique de la fast furniture, celle d’un mobilier produit vite, loin et destiné à être remplacé. Voilà autant de manières de faire émerger de nouvelles textures à partir de ce que l’industrie a laissé de côté. Dans les restaurants ou les cafés qui adoptent ces créations, la démarche se lit à même la surface : les plateaux de tables notamment sont des manifestes qui racontent un engagement concret. L’upcycling change notre rapport à la matière, à la production, au design. Il prouve qu’il est possible de créer autrement, sans extraction, sans surenchère. Les rebuts deviennent alors une matière d’expression, nourrissant le langage et l’imaginaire des designers.