La magie des tiers lieux

Toutes les villes réfléchissent actuellement à la transformation d’un lieu inoccupé en tiers-lieu. Le mot magique. En posséder un, autant capable d’accueillir des travailleurs non fixés que des artisans et des petits producteurs, a désormais la même portée symbolique qu’une piscine municipale dans les années 70 : une preuve incontestable de modernité. Ce tiers-lieu pourra aussi bien trouver sa place dans une gare, un bureau de poste ou une administration ayant déserté que dans d’ostentatoires immeubles en pierres de taille devenus vides en raison de crises en tous genres. L’esprit qui anime ces « réanimations » est à chaque fois le même : il ne s’agit pas tant de restaurer des lieux que de leur redonner vie. D’où l’importance cruciale accordée à la décoration et aux rencontres. Petits-déjeuners, apéros, after-works, marchés, expositions, parfois DJ sets et conférences viendront ponctuer les journées et créer ainsi un écosystème sympathique où travailler ne sera, finalement, qu’une activité parmi d’autres, dématérialisée par l’absence de collègues ou de hiérarchie visible. Une activité réinvestie en un art de vivre dans un environnement esthétique, rassurant et stimulant inspiré par les réseaux sociaux. Il n’est pas impossible que, demain, ces tiers-lieux accueillent aussi des hôtels. Déjà, WoJo, réseau européen d’espaces de travail, réfléchit à la manière de créer des établissements mixant chambres d’hôtels et bureaux à partager avec accueil et services communs. Le futur n’est pas loin.