La bonne adresse

D’ici 2025, toutes les villes de France de moins de 200 000 habitants devront avoir nommé et numéroté leurs rues afin de rendre les zones rurales plus faciles d’accès aux services d’urgence et aux entreprises de livraison. Toutes ces nouvelles données seront ensuite envoyées sur un site gouvernemental qui viendra à son tour nourrir Google Maps et Waze. Voilà qui devrait faire gagner du temps à de nombreux livreurs, régulièrement confrontés à des rues sans nom et à des habitations sans numéro. On peut se demander pourquoi cette obligation n’a pas été demandée plus tôt tant le profil des habitants des petites villes et leurs habitudes de consommation connaissent, depuis quelques années, de profonds changements. Fini les temps des villages où tous les habitants se connaissaient car reliés par un lien de famille ou professionnel. Fini le temps où l’on se déplaçait, à pied ou en voiture, pour faire ses courses. Face à l’explosion du commerce à distance et à son corollaire, celle des entreprises de livraison en charge des fameux derniers kilomètres qui posent tant de problèmes au e-commerce, la question des noms de rue se pose plus que jamais. Jean Jaurès, Charles de Gaulle et Louis Pasteur ont déjà beaucoup donné et la mode est désormais plutôt aux noms (et prénoms…) de femmes célèbres. L’orthographe n’est pas non plus à négliger car, si dans la tradition orale elle n’a pas d’importance, ce n’est pas le cas quand il faut l’écrire… Voilà de quoi provoquer moult réunions publiques et consultations des habitants qui seront comme autant de ces nouveaux moments citoyens que tous les édiles appellent de leurs vœux pour redonner vie à leur territoire. L’occasion, au passage, de mieux connaître les préférences et les attentes de chacun. Un vote sans enjeu politique.