Grand déjeuner

Dans une interview donnée au magazine BRA (Boisson Restauration Actualité) daté de mai dernier, Olivier Bertrand, fondateur et président du groupe qui porte son nom (regroupant, entre autres, les enseignes Hippopotamus, Au Bureau et Léon) faisait état de la montée des réservations de grandes tables à l’heure du déjeuner dans ses établissements. La confirmation, selon lui, de l’envie actuelle de vivre une expérience sociale de la part de ses clients et, pour les salariés, de se retrouver ensemble. Certes, les livraisons de repas à domicile gagnent du terrain et les déjeuners n’auront plus la même importance que dans le monde d’avant dans le modèle économique des restaurants, mais ils n’ont pas pour autant disparu. Les restaurants ont encore une carte à jouer, à condition de savoir proposer une consommation du midi différente, avec moins de rapidité et davantage de plaisir. Car le déjeuner (dans un restaurant comme dans une entreprise) reste le meilleur moyen d’installer un sentiment d’appartenance et de partage parmi des salariés séparés par le travail à distance. Soigner le cadre, travailler les propositions (les noms, l’apparence, les recettes) pour provoquer l’étonnement permettront de préserver la place qu’occupe le déjeuner dans notre culture. Dans beaucoup de pays, le déjeuner n’est qu’un temps. Pour nous, il est un moment.