Fermes municipales

Le fantasme de la campagne à la ville n’a jamais été aussi présent qu’aujourd’hui. Quelle ville ne valorise pas le nombre d’arbres qu’elle a planté au cours de l’année ? Quel promoteur peut se passer d’évoquer ses roof-tops et ses espaces arborés devenus plus importants que ses parkings sécurisés ? A Paris, on annonce avoir mis en terre plus de 60.000 arbres depuis 2020. Et tant pis s’il ne s’agit parfois que de tiges. Elles finiront bien par grandir. La campagne à la ville, ce sont aussi les marchés de producteurs locaux, installés jusque sur les quais des trains et des RER, qui donnent le sentiment de vivre dans un village. Ou encore les jardins et potagers partagés au pied des immeubles et des bureaux, histoire d’embarquer les habitants et les salariés dans un ailleurs immédiat. Dernier chapitre de ce roman rousseauiste, voici le temps des fermes municipales. Des fermes acquises par les mairies, non pour assurer l’alimentation de toute leur population mais, au moins, celle des plus jeunes. From farms to crèches ou cantines de collèges et de lycées. Ou en direction des plus précaires. Qui trouverait à y redire ? La ville de Villejuif possède depuis peu une ferme communale où elle cultive ses propres légumes et pour laquelle elle a recruté une maraîchère bio ainsi reconvertie en employée municipale. Une petite centaine de villes en France ont, elles aussi, acquis une ferme. Parfait pour réconcilier l’urbain et le rural, l’homme et les saisons, les citadins et la nature. Les enfants ne font pas que se nourrir du produit de ces fermes, ils profitent aussi des séjours pédagogiques qui y sont régulièrement organisés. Voilà qui ne devrait pas manquer d’accroître leur curiosité et leur sensibilité aux questions environnementales. Cultiver ici et maintenant est sans doute la meilleure de pouvoir encore le faire demain et ailleurs. Et si chaque ville se lançait pour défi de posséder sa propre ferme ou son terrain de culture agricole ?