Être ailleurs, ici

S’il est une valeur qui fait aujourd’hui l’unanimité, c’est assurément la proximité. Son pouvoir de ré-enchantement est tel que tous les secteurs tentent de s’en approprier les vertus. L’agriculture a ses « petits producteurs », le prêt-à-porter ne jure que par le « made in local », les villes implantent des services accessibles en un quart d’heure et aucune filière ne manque une occasion de rappeler la manière dont elle contribue à la préservation des savoir-faire locaux. Pourquoi l’hôtellerie échapperait-elle à la tentation ? Cela a commencé lors de la crise sanitaire avec des formules « dîner + nuit » bien pensées pour remplir des établissements désertés et offrir un peu de dépaysement accessible aux confinés. Les télétravailleurs en quête de lieux pas trop éloignés de leur domicile, devenu trop exigu ou pas bien équipé, prirent ensuite le relai. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour que les hôtels soient tentés d’installer dans leurs espaces petit-déjeuner, vides à partir de 11h, une poignée de tables qui leur donne aussitôt des airs d’espaces de co-working. Aujourd’hui, ce sont les « mini concerts » et autres DJ sets qui sont recherchés par les hôtels pour attirer l’attention des voisins et assurer l’animation. Le temps où les hôtels ne disposaient que de leur histoire, de leur emplacement et de l’aménagement de leurs chambres pour se différencier semble bien loin. Le tourisme de proximité vient rebattre les cartes et semble promis à un bel avenir, porté par une envie de socialité immersive et des valeurs « slow » permettant de se réapproprier le temps. En se présentant comme des lieux de rencontres, de travail, de création, de remise en forme et d’échanges, les hôtels cessent de n’être que des lieux de passage pour devenir des lieux de vie : des « hubs » de la vie de quartier. Une promesse autant capable de séduire les habitants que les touristes.