Du champ aux murs

La ville de Melun ayant décidé d’attirer 10 000 nouveaux habitants, il semblait impossible d’y parvenir sans envisager la construction d’un éco-quartier. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre et la simple évocation du nom d’éco-quartier sonne comme une promesse d’arbres et de verdure, d’environnement apaisé, de transports facilités, de jardins partagés et de chants d’oiseaux. Pas loin d’une certaine vision du paradis terrestre. Le nouvel éco-quartier de Melun s’appelle Woodi. Son nom n’a pas été choisi par référence au réalisateur américain mais plutôt pour sa capacité à évoquer une nature proche et rassurante. Outre un environnement fortement végétalisé, Woodi propose de nombreux services pensés pour le bien-être de ses habitants : conciergerie (pressing, produits frais, Poste…), commerces de proximité, équipements sportifs, crèche, groupe scolaire… Mais sa véritable originalité vient du choix du matériau dominant dans sa construction : non pas le bois comme on aurait pu s’y attendre, mais le chanvre. Un chanvre poussé au pied des immeubles qui, mélangé sous forme de granulats à de la chaux naturelle, donne un béton de chanvre, très solide, très isolant, très résistant et très facile à utiliser. Le chanvre est peu gourmand en eau, nécessite peu de traitement phytosanitaire et contribue aussi à réduire la pollution. Des atouts non négligeables qui annoncent une future généralisation de son usage. Surtout que son imaginaire porte une image renouvelée de la circularité puisqu’il est récolté et utilisé au même endroit. Mieux que le bois qui est souvent importé. Après le temps « de la fourche à la fourchette », puis celui des cosmétiques « farm to face », l’immobilier ouvre ici un nouveau chapitre : « du champ aux murs ». Une manière de renouer avec une époque (lointaine) où l’habitat était décidé par ce que proposait la nature qui l’entourait…