Design imparfait

L’imperfection s’invite dans les intérieurs comme un signe d’authenticité. Face aux objets standardisés, une nouvelle génération revendique l’unicité. Les formes, les volumes, les matières conservent la trace du geste ou de l’outil, pour dire qu’ils sont faits à la main… pour ne pas dire « faits maison ». Cette esthétique de l’imparfait célèbre la beauté du temps qui passe, les matières qui se patinent, les formes qui gardent la mémoire du travail. Mais elle y ajoute une légèreté nouvelle, une ironie contemporaine. Moins lisses, moins sages, plus instinctifs, les objets s’éloignent des lignes parfaites pour retrouver la main qui les a faits. L’imperfection devient méthode, presque manifeste. Dans un monde de rendus photoréalistes et d’images lissées par l’intelligence artificielle, le relief d’une surface ou la rugosité d’un bord sont autant de résistances. Dans les bureaux, les hôtels, les espaces de vie, ce retour du brut apaise. Les intérieurs trop parfaits cèdent la place à des matières qui respirent, à des couleurs qui vibrent. Ces légères dissonances rappellent que la beauté ne se copie pas : elle se cultive.