L’art du plein

Après des années de minimalisme sage, les intérieurs reprennent goût à la démesure. Couleurs profondes, papiers peints à motifs, murs de cadres, velours, céramiques vernissées : le décor se fait bavard, expressif, vivant, saturé. Les espaces se densifient, s’habillent, s’expriment. Ce maximalisme n’a rien d’un excès : il affirme une identité. Un goût du récit, une envie de caractère. À rebours des intérieurs neutres, le lieu retrouve une voix, une personnalité. Les designers composent comme on écrit : ils assemblent les textures, font dialoguer les époques, juxtaposent les styles. L’hétérogène devient cohérent, parce qu’il est habité. Dans les hôtels, les bureaux, les restaurants, ce retour du plein devient une forme de résistance. Face à l’uniformité globale, le décor s’affirme unique, singulier, incarné. Chaque matière prolonge une vie, chaque objet porte une mémoire. Le design d’aujourd’hui ne cherche plus la pureté : il cherche la présence. Et dans cette densité assumée, dans cette beauté habitée, se révèle un nouvel art de durer.