L’utopie de la cabane

À en croire les professionnels de la tendance, le nouveau rêve des Français serait de posséder une cabane. Le temps des châteaux en Espagne est-il révolu ? Il est vrai que l’immobilier haut de gamme vit aujourd’hui essentiellement d’une clientèle internationale et que les mètres carrés sont moins recherchés (sauf en ville, bien sûr…) du fait de l’explosion des coûts énergétiques et de la multiplication de nouvelles normes. Posséder un petit espace, c’est d’abord la certitude de pouvoir contrôler et gérer son lieu de vie sans craindre de se trouver dépassé par les charges. Mais quand il s’agit d’une cabane, s’ajoutent un sentiment inestimable de liberté ainsi qu’une perspective réjouissante de changement de vie. Ultime forme d’habitat dépaysant (après les fermes, les ateliers, les yourtes, voire les bunkers), la cabane vient capter notre lassitude des modes de vie urbains trop connectés et notre désir de reconnexion à la nature. Une cabane refuge que chacun voit installée dans le paysage, en pleine nature et bien loin de l’agitation du monde. Un paysage revigorant qui donne la sensation d’un retour aux sources. La cabane, c’est aussi une façon plus durable et moins invasive d’habiter le monde qui laisse penser certains qu’elle pourrait être envisagée comme un laboratoire du futur au même titre que le co-living ou les habitats dotés d’espaces partagés. Conséquence d’un tel engouement : des hôtels proposent désormais des cabanes en plein champ, dans les arbres ou dans leur jardin, les « tiny houses » alimentent la machine à fantasmes de tous les urbains écolos sentant poindre une soudaine envie de changement de vie et les constructions nouvelles, même les plus traditionnelles, substituent de plus en plus le bois au béton (parfois seulement en façade…), histoire, elles aussi, de se donner un air rustique responsable. L’esprit cabane comme nouvelle utopie.