Se laisser transporter

Fin décembre, Montpellier est devenue la plus grande métropole d’Europe à instaurer la gratuité des bus et des trams pour ses habitants. Dunkerque, ville de moindre envergure, avait déjà franchi le pas en 2018, et de manière plus radicale encore, avec des bus gratuits pour tous, habitants ou non. 100% gratuit, 7 jours sur 7 et sans avoir à pré-remplir un formulaire ou à télécharger une application. Résultat : la ville s’est soudain retrouvée sous les projecteurs pour d’autres raisons que la crise économique et la fréquentation des bus s’est accélérée alors que la ville, détruite pendant la guerre et reconstruite autour de grands axes, ne souffrait ni de problème de stationnement, ni de circulation. Repeints de couleurs vives (rose fuchsia, vert pomme, jaune canari), modernisés, thématisés autour d’événements locaux, animés par des campagnes de pub décalées, dotés d’arrêts plus design et plus nombreux et avec une fréquence de passage plus élevée (toutes les 10 minutes), les bus dunkerquois sont la preuve qu’un service gratuit peut être à la fois de qualité et performant. Sachant que la billetterie ne représentait que 13 % des recettes, c’est l’annulation d’un projet de construction d’une salle de spectacle qui a permis le financement du projet. Le prix à payer pour que le bus cesse de n’être qu’un mode de transport pour devenir une expérience fun. L’appropriation par le public d’un service tient à la capacité de ce dernier à produire de nouveaux imaginaires.