Travail éphémère

Le succès des pop-up stores ne doit rien au hasard. Certains ne pourraient n’y voir qu’une réponse économique à des loyers explosifs, d’autres, plus avisés, le reflet d’un nouveau rapport à la consommation. Face à des consommateurs qui se disent souvent blasés, la découverte d’un commerce que l’on sait éphémère ne provoque-t-elle pas, instantanément, un élan de curiosité et d’appétit ? La même logique pourrait être appliquée au monde du travail. Pourquoi ne pas chercher à le faire apparaître, lui aussi, dans des lieux inattendus et non définitifs ? Une manière comme une autre de recréer un lien émotionnel entre des salariés tenus à distance. A la fin de l’année dernière, la plateforme Zoom annonçait s’être rapprochée d’AMC, la plus grande chaîne de salles de cinéma outre-Atlantique, pour transformer certaines de ces salles en Zoom Rooms pouvant accueillir plus de 100 personnes. 17 cinémas AMC, situés aux quatre coins des Etats-Unis, seront ainsi momentanément reconvertis. Quant à la start-up Supercargo elle propose, elle, des bureaux privatifs et des salles de travail dans des containers maritimes réaménagés, déplaçables et démontables. Aux antipodes du fantasme des bureaux agiles et hyper-technologiques, certes, mais pouvant être à la source de moments singuliers et de souvenirs à partager : une dimension essentielle au monde du travail bien souvent oubliée…