Immatériel

C’est une idée de plus en plus communément acquise : nous chercherions désormais davantage à vivre des expériences qu’à accumuler des possessions. L’idée est plaisante car elle sous-entend que le consommateur serait devenu raisonnable. Après cinquante ans de boulimie consommatoire, il était temps, penseront certains. Certes, le goût de la possession n’a pas totalement disparu, comme en témoignent les taux de croissance des différents secteurs du luxe, mais disons que les enseignes, les hôtels et les restaurants multiplient les propositions « d’expériences à vivre » pour bien signifier leur volonté de sortir de leur strict métier d’origine et de répondre aux attentes du moment. Tout est donc, désormais, affaire d’ambiances, le nouvel eldorado du commerce. Ici, c’est le succès des restaurants levantins festifs et des rooftops aux vues saisissantes ; là, celui des expositions immersives et des happenings en magasins (lecture, DJ set, voire pièce de théâtre comme au Bon Marché). L’idée est, à chaque fois : marquer ses clients en leur offrant des souvenirs qu’ils pourront ensuite raconter… et qui ne manqueront pas de déclencher l’envie chez les autres… Car si la quête d’immatériel a supplanté celle de possession, le moteur de la consommation, lui, n’a pas changé…