Ailleurs et demain

Au Japon, le gouvernement a récemment annoncé qu’il offrira, au printemps prochain, une prime pouvant aller jusqu’à un million de yens par enfant au foyer (soit environ 7300 euros) à toutes les familles qui accepteraient de quitter Tokyo et sa banlieue pour s’installer dans une ville souffrant de l’exode rural. Une précédente tentative lancée en 2019, mais dotée d’une somme moindre, n’avait pas eu le succès escompté… L’argent suffira-t-il à déclencher l’envie ? Finira-t-on, un jour, par voir ce type de mesure chez nous ? Ne disposons-nous pas, déjà, de nombreuses incitations financières à destination de professions manquantes dans certaines régions ? Mais les grandes villes, avec tous leurs défauts, conservent bien des avantages pour leurs habitants, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la culture. La même semaine, on apprenait ainsi qu’après un soudain intérêt déclenché par le confinement, le marché des maisons de campagne s’étaient considérablement dégonflé. Tiens, tiens. Où sont donc passés tous les fantasmes de télétravail dans le jardin ou au bord de l’océan ? Seule la côte atlantique garde la cote. Le phénomène touche aussi les villes moyennes, trop rapidement qualifiées de « grandes gagnantes » du Covid, où les biens recommencent à s’accumuler… Peur des travaux (coût des matériaux, manque de main d’œuvre) ou des factures énergétiques ? Les raisons d’hésiter ne manquent pas et le changement très lent du marché de l’immobilier vient nous rappeler sa singularité : il s’adresse autant à ceux qui veulent vraiment déménager qu’à ceux qui se rêvent ailleurs et dans une autre vie. Sans doute le marché doté du plus fort pouvoir fantasmatique.